COMMERCES DE MEAUX : un président qui se trompe de cibles

Publié le par la section PCF Meaux Dammartin Lizy

A en croire le journal La Marne dans son édition du 25 décembre, le président de l’association des commerçants du Faubourg a tenté sans grand succès, vendredi 20 décembre, de mobiliser les commerçants contre la hausse de la TVA prévue au 1er janvier. L’article qui relate cette mobilisation étriquée et qui donne la parole à ses organisateurs donne quelques clés permettant de comprendre la nature politicienne de cette manifestation, ceci expliquant peut être cela.

En premier lieu, rappelons que la hausse de la TVA, à laquelle le PCF s’est opposée, pèsera avant tout sur les consommateurs et leur pouvoir d’achat car la TVA est payée par le consommateur final et non par les commerçants ou les sociétés qui en l’occurrence ne jouent, au regard de cet impôt, qu’un rôle de collecteur. L’argument selon lequel cette hausse de la TVA serait en quelque sorte neutre pour les consommateurs car absorbée par les commerçants par une réduction de leur marge ne trompera que les naïfs ou les imbéciles. La défense du petit commerce et des PME, mis en difficulté par la récession économique, les politiques d’austérité et le comportement prédateur des banques et des groupes donneurs d’ordre appelle d’autres combats, que ce soit au plan de la fiscalité ou du crédit, que cette pitoyable tentative d’utiliser de manière politicienne une hausse de la TVA que la droite envisageait, en cas de victoire de son candidat, dès 2013 (la TVA « sociale ») et à laquelle le candidat HOLLANDE avait promis de ne pas donner suite.

Mais, au fait, qui est responsable de cette fiscalité jugée aujourd’hui insupportable car injuste socialement et inefficace économiquement ? Le président de l’association des commerçants du Faubourg a trouvé le bouc émissaire idéal : l’Etat. Faut-il croire qu’il ignore qui décide de la politique fiscale en France sinon les gouvernements qui sont à l’initiative des lois de Finances et les députés et sénateurs qui les votent. Sans doute, le président de l’association des commerçants du Faubourg voudrait nous faire oublier que la droite au pouvoir sans interruption de 2002 à 2012 porte une lourde responsabilité dans l’exaspération légitime qui s’exprime aujourd’hui au regard de la fiscalité. La responsabilité du gouvernement PS/EELV, qui réside principalement dans le fait qu’il n’a engagé aucune rupture par rapport aux politiques précédentes, ne doit pas être ignorée mais ramenée à sa juste proportion. 

Mais on ne doute pas que le président de l’association des commerçants du Faubourg reçu par J-F Copé ait abordé avec ce dernier tous ces sujets. L’article du journal La Marne n’en dit mot mais peut être a t’il aussi évoqué avec lui les dégâts dont le petit commerce de Meaux  risque de faire les frais avec l’ouverture prochaine du centre commercial « Les Saisons de Meaux ». 

En fait, le président de l’association des commerçants du Faubourg a initié, non pas une opération de défense du commerce à Meaux, mais une pitoyable opération politicienne, conclue comme il se doit par un couplet anticommuniste, dont Marine LE PEN et d’autres figures de l’extrême droite étaient à l’origine, sur l’aide à la presse dont bénéficie le journal l’Humanité !

Franchement, le Faubourg, ses commerçants et ses habitants méritent mieux que ça !

 

Ci-dessous, quelques éléments d’information sur les aides à la presse et la réponse de Jean-Pierre Le Hyaric, directeur de l’Humanité, à la campagne nauséabonde menée contre l’Humanité.

 

Les aides directes à la presse pour la période 2009-2011 chiffrées dans le rapport de la cour des comptes publié en 2013, mentionne un montant total de 226 265 998 € pour l'ensemble des quarante publications citées.

L'aide directe apportée au quotidien l'Humanité d'un montant de 6 761 434 € représente moins de 3% du montant total.

Par contre les publications de programmes TV (Télérama, Télécable, Télé sept jours, Télé loisirs, Télé star, Télépoche, Télé Z…) reçoivent un montant total de 34 475 065 €, ce qui représente plus de 15% du montant total.

Les grands gagnants de ces aides sont ceux qui sont la propriété de milliardaires, comme Le Figaro pour 17 217 154 € et le journal Le Monde pour 18 465 277 €.

Si l'on excepte l'Humanité, l'ensemble restant de la presse reçoit 219 504 564 € soit 97% des aides directes totales.

 

Quel est le but de cette campagne contre l’Humanité ?

 

Une cohorte déchaînée de la bien pensance radiophonique, en appui de quelques groupuscules de droite, s’attaque violemment depuis quelques jours au Parlement et à l’Humanité.

Pourquoi ? L’Humanité aurait reçu un cadeau de l’Etat qui lui effacerait ses dettes. Rien que ça ! Sans même vérifier de quoi il s’agit exactement, sans même prendre la précaution de nous passer un coup de fil confraternel, une équipée, qui va de Mrs Apathie, Brunet, Morandini et consors, multiplie les chroniques, émissions spéciales, sous-entendus et autre insinuation pour calomnier l’Humanité, souhaiter sa mort tout en accusant l’Assemblée nationale de complicité coupable. Mme Le Pen leur est venue subrepticement en renfort il y a quelques jours. Et voici que de petits groupes liés à des droites extrêmes lancent une pétition demandant à l’Etat de ne pas payer les dettes de l’Humanité. C’est une farce ! Cela fait près de 30 ans qu’on n’avait pas entendu de tels propos haineux à l’encontre de notre journal.

S’il s’agissait de critiquer un vote des députés ou un choix gouvernemental, rien de plus naturel en démocratie. Mais c’est de bien autre chose dont il est question qui se résume en un seul slogan à propos de nous : qu’ils crèvent ! Et tant qu’elle y est, toute cette bonne société qui petit-déjeune, déjeune et dîne dans le beau monde, passant d’un média privé à un autre, négociant ses bons salaires chaque année au moment du mercato télévisuel, en vient à crier haut et fort, que c’est toute la presse écrite qui est trop, bien trop aidée. Que des citoyens, des salariés, des petits patrons qui, actuellement souffrent terriblement de la crise, des fins de mois difficiles, du manque de débouchés pour leurs productions ou de la cherté du crédit, soient offusqués par un tel prétendu cadeau, peut se comprendre. Mais il ne s’agit pas de cela. Et je veux m’en expliquer.

De quoi s’agit-il ? A la fin de l’année 2000 l’Humanité se trouvait en grave difficulté, proche de la cessation de paiement. Un plan de redressement lourd était décidé à la suite de ma nomination. Il comprenait une sévère restructuration sociale, industrielle et économique, sur laquelle je ne reviens pas ici. Pour la mener à bien, il était indispensable de disposer de prêts relais pour faire face à un certain nombre d’échéances impératives. Avec le directeur financier de l’époque, nous avons rencontré au moins 11 dirigeants de banques importantes. Aucune d’entre elles ne voulait aider une PME dans notre situation ; encore moins une entreprise de presse. Et évidemment, encore moins l’Humanité, journal de la gauche de la transformation sociale et écologique. Face au péril qui menaçait, j’ai dû, en désespoir de cause, me tourner vers la banque publique, Banque de développement des PME (BDPME) devenue par la suite OSEO. Celle-ci faisant la même analyse que les autres banques refusait d’accorder quelque crédit que ce soit sans garantie. Me tournant vers la structure du CIRI (Comité interministériel de restructuration industrielle), rattachée à Bercy pour traiter de la situation des entreprises en très grande difficulté, notre dossier est devenu encore plus sensible. Au terme de ce parcours du combattant, les pouvoirs publics ont demandé au CIRI et au Fonds de développement économique et social (FDES) de réétudier l’ensemble de notre dossier. C’est là qu’enfin nous avons obtenu trois lots de prêts étalés sur deux années en lien avec le FDES.

Le premier, le 24 décembre 2001 pour une valeur de 1,5 millions d’euros. Nous avons remboursé son capital et ses intérêts, soit  plus de 2 millions d’euros. Un second au mois de mars 2002 pour un capital de 2,2 millions d’euros pour lequel nous avons remboursé au total une somme dépassant les 3 millions d’euros. Un troisième, le 4 avril 2002 dénommé « prêt participatif », aux  taux d’intérêt progressifs, pour une somme de 3,2 millions d’euros. Sur ce prêt, nous avons remboursé environ 20% du capital mais nous payons des intérêts très élevés depuis l’année 2007 puisque pour un emprunt de 3,2 millions d’euros, ils représentent 3,1 millions d’euros. C’est dans ce cadre, et en tenant compte de ces frais financiers exorbitants et pour permettre la reconstitution du capital de l’Humanité que j’ai demandé depuis des années aux gouvernements successifs de reconsidérer notre situation. Tous les gouvernements, sans exception, l’ont toujours admis et sont restés ouverts à nos demandes. En 2009, avait été décidée une solution d’attente transitoire consistant à repousser de 5 ans le remboursement du capital. Mais avec cette formule, les frais financiers ont continué à peser sur notre trésorerie et nos résultats comptables.

A la suite de ces différents examens, l’actuel gouvernement a décidé, en toute transparence et au nom du pluralisme de la presse, de proposer au Parlement de nous délivrer de ce fardeau qui, comme pour d’autres petites entreprises, nous asphyxie à cause des frais financiers. Du reste, c’est contre cette logique que l’Humanité, avec le Front de gauche et d’autres, mène campagne contre les coûts du capital et non pour accuser ceux du travail, comme le font quotidiennement nos censeurs médiatiques, bien moins regardant quand il s’agit du cadeau de 20 milliards d’euros fait au grand patronat ou encore des faramineuses retraites-chapeaux.

L’Etat n’est en rien spolié puisque les frais financiers dont nous nous sommes acquittés remboursent largement le capital. Il est ici dans son rôle républicain de garant de la démocratie, de la libre expression des opinions et des idées et donc du pluralisme de la presse écrite d’information générale et politique. Un pluralisme bien utile. Nous sommes à un moment où le monde entier, toute la presse, rend hommage et célèbre Nelson Mandela. Nous nous en réjouissons. Mais, nous ne pouvons oublier que l’Humanité a été bien seule pour faire connaître le sort du dirigeant sud-africain qualifié de « terroriste » pour justifier sa détention par le régime d’apartheid. Rappelons également les campagnes d’information et de décryptage de l’Humanité anticipatrices lorsqu’elles montraient que le traité de Maastricht puis celui de Lisbonne conduisaient l’Union européenne et les peuples dans le mur. On pourrait ainsi multiplier les exemples. Faire taire la voix de l’Humanité conduirait à désarmer des forces sociales, syndicales, culturelles de leur action pour l’émancipation humaine. Peut-être est-ce d’ailleurs l’objet des actuelles campagnes ?

Enfin, nos procureurs brandissent devant nous une étude bien commode de la Cour des comptes qui, par de savants calculs, a décrété que l’Humanité est le journal le plus aidé. Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage ! Je suis prêt, bien sûr, à produire des chiffres, notamment dans le cadre de débats contradictoires avec nos accusateurs que les stations qui les emploient auront à cœur, j’en suis sûr, d’organiser.

La prétendue aide dont bénéficie l’Humanité reste au tiers inférieur de celle allouée à certains confrères. Elle répond tout à fait à ce que prévoit la loi pour les quotidiens à faibles ressources publicitaires. De surcroît, depuis l’année 2000, cette aide a été diminuée de 1 million d’euros qui nous aurait été bien utile.

Autre argument de nos grands maîtres à penser, notre diffusion. Comme si l’Humanité était le seul journal à perdre des lecteurs ! Même si nous ne distribuons aucun journal dans les chaînes d’hôtel, de parking ou dans les premières classes de la SNCF.

Je remarque au passage, qu’aucun confrère de la presse écrite qui vit les mêmes difficultés que l’Humanité, n’a ouvert ses colonnes à ces zorros en peau de lapin. S’il en est ainsi, c’est qu’à l’exception de nos amis de La Croix, tous les journaux perdent des lecteurs et aucun ne vit de la vente de ses titres. La diffusion de l’ensemble de la presse payante a diminué de 180% depuis la Libération. Cela ne doit réjouir personne. Affaiblir un organe de presse ou le fermer comme cela a été malheureusement le cas pour France Soir, Infomatin, Le Matin de Paris ou la réduction de la voilure de La Tribune revient à mettre à chaque fois des centaines de salariés, dont de nombreux journalistes, au chômage. Au-delà, ce sont des milliers de chômeurs supplémentaires dans l’ensemble de la chaîne de production et de distribution des journaux.  Et ce qui se passe depuis plusieurs mois dans le monde entier est inquiétant pour toutes et tous sauf évidemment pour les intégristes, les simplistes populistes et l’extrême-droite qui rêvent d’un peuple asservi sans livre, sans théâtre, sans cinéma, sans maisons de la culture, sans journaux mais peut-être truffé d’écoles privées.

Dans un tel monde, toute la presse et la télévision seraient aux mains des puissances d’argent au service d’une pensée unique. Aucun démocrate, aucun républicain qu’il soit de droite ou de gauche ne peut le souhaiter. C’est la question essentielle.  A quelle valeur chiffre-t-on la démocratie, le pluralisme des idées, le débat, l’accès à la culture dans une société ? Evidemment, les forces de l’argent et leurs perroquets n’ont pas encore inventé des agences de notation pour cela. Pluralisme, démocratie, respect mutuel, autant de conditions qui vaillent pour faire société et monde ensemble dans cette période de crise qui bouleverse tout, fracture les vies et déchire les repères.

Si nos procureurs ont terminé leur plaidoirie et sont prêts au débat, je suis à leur disposition.

Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité

Publié dans ACTUALITES LOCALES

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